Débat social numéro trente-douze-mille : La suce‏

Comme mère, il y a des batailles que j’ai décidé de laisser tomber avec mon enfant. Souvent, ce IMG_4835sont des batailles entre-nous, pas des batailles pif-paf-pouf, mais des petits combats de la vie. Parfois, ce sont aussi un peu des batailles avec les gens autour qui aiment ben ajouter leur grain de sel ou juste penser qu’ils ont la vérité absolue. Tout le monde y va de sa petite expérience, de sa petite remarque en croyant que ça reflète la réalité de tous les enfants. C’est souvent le cas avec la suce. La fameuse suce, comme si à elle seule elle constituait un débat social,  comme si y’avait juste une façon de faire avec notre enfant.


Avec mes cours au cégep en psycho du p’tit en éducation à l’enfance, j’ai découvert Freud, mon 1935527_212020230004_6469177_nchum Freud, je le comprenais pas pentoute à 18 ans sans enfant. Pour moi, la phase orale c’était ben abstrait, ça frôlait le stupide dans ma tête. Mon bébé est né et j’ai compris, la suce : C’EST DU CAS PAR CAS ! … Il n’est pas sorti en me disant :  »Maman, je suis dans ma phase orale et quand je vais avoir besoin de téter, si ta joue est proche tu vas voir qu’elle ne sera pas épargnée ». Ce bébé-là avait un bon besoin de succion, il a pris la suce jusqu’à ses 2 ans et demi. À la fin, c’était juste pour le dodo et un jour alors que j’avais préparé un tableau récompense, commandé le livre  »Mélodie aux 100 sucettes », j’étais prête pour le renforcement positif, j’ai commencé lui en parler, c’était un soir de mars me semble. Je lui ai dit :  »Bientôt Lou, il va falloir penser à enlever la suce non ? Tu es rendu très grand ! ». Il m’a regardé en me disant : « C’est vrai, je vais la donner à bébé Charlie (sa cousine), tiens maman ! ». Too bad le tableau, les collants, le livre pis toute… Ça s’est fait de même ! Je l’avoue, j’ai trouvé ça facile. Aucun ronchonnage, pas de pleurs…

Son petit frère lui, je l’ai allaité 7 mois aux heures et demi (oui, oui), AUX HEURES ET DEMI IMG_3828PENDANT 7 MOIS (j’ai mis des majuscules juste pour être certaine que tu avais bien lu, pas pour me penser fraiche ou meilleure que les autres, juste pour être certaine que tu te demandes pas si c’était parce que je le mettais pas assez au sein). Savez-vous quoi ? Entre les boires, il avait encore besoin de téter. La suce il ne la voulait pas. Pas parce qu’il n’aimait pas ça, parce qu’il n’était pas capable de la prendre. Nous avons travaillé des heures de temps dans le divan pour qu’il apprenne parce que mes mamelons étaient sur le point de fondre. La têtée, ça peut se comparer un peu au ratatouille que tu as quand tu restes trop longtemps dans le bain, ça devient mou en titi et un moment donné tu as l’impression que oui, ça pourrait tomber. Oui, c’était cute, mais même si les madames me disaient que je devais lui offrir le sein au lieu d’une tétine de caoutchouc ben, moi des fois, ça m’arrive de me laver, de faire à manger, de faire ma vaisselle ou dans le cas de Rémi aller faire pipi sans avoir un bébé accroché sur mon mamelon. J’ai fini par réussir, il a pris la suce (ALLELUIA, lumière divine, bruit de piano pis toute!) Ce n’était pas de l’insécurité, j’étais zen comme 1000 pis on était bien ensemble, c’était juste un bébé-tèteux. Il tétait de façon très smooth, genre sur le beat de Could you be loved de Bob Marley, rien de stressant ! Vous comprendrez donc qu’à 2 ans et demi, il n’était même pas sur le bord de vouloir s’en débarrasser.

IMG_0623Je n’ai pas voulu le brusquer, j’y suis allé à son rythme à lui. J’ai reçu des messages poches/vraiment stupides du monde que j’ai croisé. Le pire étant : Une vendeuse dans un Colori qui a pensé que c’était une bonne idée d’avoir une discussion avec mon fils de presque 3 ans sur le bord de s’endormir dans poussette-double.
Elle : Tu as quel âge toi avec ta suce dans la bouche ?
Rémi : (Regard de c’est pas de tes affaires)
Louka son grand frère : Il a deux ans mon frère
Elle : OH ! D’accord ! C’est correct, savais-tu qu’à 3 ans, le gros méchant dinosaure va venir chez toi la nuit pour manger ta suce !
Rémi : (Regard à moi, de : WHAT THE FUCK ?!?!)
Moi : Ben non, Rémi la madame dit vraiment n’importe quoi, chez-nous les dinosaures sont gentils et personne va venir manger ta suce, elle est à toi…
Elle : J’ai fait ça avec mes enfants, bon ils ont été traumatisés un peu (OUI ELLE A DIT ÇA POUR VRAI), mais ça passe, la peur, avec le temps.
Moi : Merci, mais mes enfants, je les écoute au lieu de leur faire peur… Aurevoir !

Je suis ressortie bouche-bée, je me souviens m’être dit que la suce de mon fils ça ne concernait que lui ! Ma job de mère c’est d’être à l’écoute de ses besoins, autant ceux de succion que IMG_2507lorsqu’il a froid la nuit et que je dois l’abriller pour le réchauffer. Comme adulte nous avons des besoins que d’autres n’ont pas, pour les enfants selon moi c’est la même chose. Le besoin de succion n’est pas le même chez tous les enfants. Ce n’est pas un défi de mère de devoir à tout prix retirer la suce à son bébé. Le défi, c’est d’être capable de respecter son besoin oral, tsé celui que mon chum Freud me jasait au Cegep. Oui, vous serez peut-être chanceuse et bébé n’en aura pas un brin besoin de sa suce de caoutchouc, mais vous ne serez pas une meilleure mère que votre voisine pour autant ! Avec le temps, j’ai arrêté de me justifier, d’écouter les remarques du monde, il l’a prenait quand c’était le temps, quand il en avait besoin. Pas trop pour ne pas altérer son apprentissage au langage mais à certains moments de la journée. À la maison, il pouvait la prendre dans son lit pour  »relaxer », c’est ce que nous disions pour établir un endroit de  »tèting ».

Dans le temps des fêtes, j’ai commencé à sentir Rémi plus prêt à passer à une autre étape. Je lui ai parlé que j’avais entendu dire que le Père-Noël échangeait les suces contre des cadeaux sous le sapin. Le 24 au matin, nous avons fait le tour de la maison, fait une chasse aux suces et nous les avons laissées avec les biscuits et le lait dans le salon. Il était prêt pour vrai. Je l’ai flatté un peu avant le dodo pour le sécuriser (je me gâtais en même temps) et au lieu de faire comme si rien ne s’était passé, je lui disais à quel point il était un champion du monde ! Il était fier de lui et moi aussi. Je ne savais pas si ça fonctionnerait mais j’avais plusieurs cartes dans ma manche gauche parce que, saviez-vous que le lapin de Pâques, Cupidon, la citrouille de l’Halloween et le magicien des fêtes peuvent aussi faire la même job que le Père-No ? Entouka, moi je le savais en pas pour rire. Il avait 3 ans et deux mois, je ne me suis pas pressée et je ne l’ai pas poussé dans le derrière, j’ai juste attendu qu’il soit rendu là, qu’il soit prêt à passer à une autre étape… Pis moi, j’ai pleuré un peu en le flattant parce que je laissais un peu de mon bébé derrière moi…

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Genevieve

Genevieve

Éducatrice à l’enfance de profession, amoureuse et passionnée de littérature jeunesse, Geneviève est la maman de Louka (9 ans), Rémi (6 ans) et Léon (7 mois) . Blogueuse pour La Récréation, Mamanpourlavie, Brunet et Mère Hélène et adore le domaine de la puériculture bébé d'où son amour pour notre boutique ! Son principal défi : Chasser la routine à grands coups de créativité pour rendre le train-train quotidien plus agréable. Pour la suivre sur Facebook c'est ici : www.facebook.com/larecreationfamille Pour suivre son site web : www.larecreationfamille.com

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