Maman tellement géniale


J’ai récemment quitté mon poste de super maman conseillère à la boutique de Québec.

J’adorais la job, l’entreprise, la super équipe avec laquelle je travaillais. J’ai quitté, un peu malgré moi, pour des raisons « personnelles et familiales »

Mère Hélène, c’est tellement la place pour se sentir bien, pour être conseillée avec toujours une oreille attentive et empathique, sans jugement. Je pense que j’étais super hot. Faut dire aux mamans qu’elles sont toutes géniales, à leur façon.

Parce qu’on est en 2017, parce que la santé mentale est un enjeu majeur dans notre société, parce que je trouve ça important, parce que j’y suis vraiment beaucoup sensible et sensibilisée depuis toujours, j’ai envie de vous en parler aussi.

Sont heureux pis moi pas pantoute

Ça fait 10 ans que je sais que ça ne fonctionne pas, qu’il y a quelque chose de pas normal. Peu importe ce que j’essaie, y’a rien qui fait.

Moi aussi j’suis une maman géniale. Depuis 4 ans. j’ai connu ma part de nuits blanches à bercer les bébés qui pleurent. Je me lève tous les matins. On écoute la télé, on appelle grand-maman qui est loin, on mange des fruits pis du beurre d’arachides avec des céréales multigrains. On sort jouer dehors. Ed aime ça, glisser. On a construit un fort cet hiver. On va pelleter, Ti-loup avec sa petite pelle bleue et son bulldozer qui remet la neige juste là où je l’enlève. Bébé fille qui suit. Ma Minie Clara d’amour. Je la prends dans mes bras quand elle chigne, quand elle dit bobo. Je fais des pistes de train, je berce la poupée, on lit des histoires. J’achète du tofu et des légumineuses, aussi parfois des chips et des biscuits au chocolat. Les bonnes journées, j’suis vraiment une maman cool. On fait des bricolages, de la peinture. On fait des balades à la rivière, on fait l’épicerie, des biscuits. On joue ensemble à des jeux, on imagine, créé, invente. On est bien, ça sent bon la bouffe qui mijote, le bonheur est à la maison Jaune.

Mais parfois, souvent, trop souvent, je pleure parce que j’fais tout ça, je les regarde, sont heureux pis moi pas pantoute. J’ai pas de fun. Ça fait mal, comprendre que c’est nous le problème.

Le diagnostic

Je n’ai jamais voulu consulter car je pense que j’avais peur du diagnostic. Comme si ça allait me servir à me cacher, m’excuser, me défiler. J’avais peur qu’on ne me prenne pas au sérieux, qu’on me retourne chez moi en me disant que « y’avait rien là, y’a du monde pire que ça, respire et retourne chez toi»… j’avais peur qu’on rit de moi, c’est con hein?!

C’est vraiment pas facile s’asseoir dans le bureau du doc et dire : «j’suis à boutte, faites quelque chose.» J’en pleurais.

On a vite parlé de trouble d’anxiété généralisée, avec attaques de panique. C’est pire ou moins pire, dépendant des périodes et du reste. Je le savais, mais étrangement aujourd’hui, le fait de mettre enfin des mots sur une partie du mal me permet de peut-être éventuellement l’apprivoiser et faire quelque chose avec ça.

S’occuper de sa tête

Y’a des solutions. C’est légal et ça fonctionne.

Parce que descendre une bouteille de vin un mardi soir, pour rien, même si j’aime beaucoup le vin, j’pense pas que ce soit une super bonne idée à long terme. Ça fesse 2h, et ça recommence.

On m’a dit : « tsé, quelqu’un qui a le diabète par exemple, va avoir besoin d’insuline toute sa vie, sinon, ça ne fonctionne pas. Quand c’est un truc dans le cerveau qui ne marche pas bien, c’est la même chose. On traite le diabète et on trouve ça tout à fait normal. C’est la même chose. »

Ouch.

On verra ensuite pour le reste – parce que je sais déjà que le reste a probablement aussi un nom. Mais ça me rassure un peu de savoir qu’on s’occupe finalement de ma tête.

En attendant, j’suis assommée, parce qu’il fallait me calmer pour ne pas exploser et casser en deux. C’est fort en TA, ces drogues-là!! J’suis complètement stone et hors service.

Suis en réflexion à propos de plein de trucs qui me font du bien, parce que ça prend plus de ça, et moins du reste. Je le fais d’abord parce que j’suis vraiment à boutte, mais aussi beaucoup pour ma famille. Parce que je l’ai choisie et parce que j’y tiens. On peut pas toujours tout sacrer ça là. Surtout pas quand c’est important, et que c’est pas leur faute. *&#@% que c’est pas leur faute.

C’est pas top maintenant, mais je sais que ça va aller. Ça passe toujours.

Et malgré tout ça, même si des jours je doute de tout, je sais que j’suis une maman géniale.

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Valérie Parizeault

Valérie Parizeault

Graphiste extraordinaire, ninja du web, Valérie partage son temps entre son mini, son Chéri, sa boxe et sa vie d'entrepreneure dans leur maison des Laurentides.

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