Les cours de « piscine »

 

Je ne sais pas nager, ou très peu. Pour vous faire une histoire courte, jusqu’à douze ans, j’ai eu sur la cuisse droite une tache de naissance grande comme un œuf et d’un beau brun foncé, qui me piscineari1complexait au point de redouter comme la peste les piscines et leurs maillots de bain. Je n’ai donc presque pas appris à nager, car quand mes parents se sont décidés à me faire opérer au début de l’adolescence, je trouvais ça trop humiliant de suivre des cours avec les petits. Bref, je nage comme une roche et je m’étais bien promis que si un jour j’avais des enfants, ils barboteraient comme des poissons dans l’eau! Je sais, il ne faut pas faire de projection sur notre progéniture, leur faire rattraper nos « manques » par procuration, mais dans ce cas-ci, je jugeais que c’était sain; après tout, savoir nager peut sauver la vie!

Les cours de natation(ou de piscine comme on les appelle ici, j’ignore pourquoi d’ailleurs!!) se sont alors systématiquement inscrits à notre agenda dès que ma première pitchounette a eu six mois. Au début, elle n’était vêtue que d’une couche-culotte waterproof  si je me souviens bien. Puis, le maillot one-pièce est apparu, avec l’énorme Swimmers qui dépassait de chaque côté. Ainsi équipée, ma petite crevette sautait courageusement dans l’eau froide à chaque samedi, accompagnée par son papa, vous comprenez pourquoi. Quelques années plus tard, ce serait au tour de sa sœur de s’élancer dans les flots chlorés. Et pendant que tout ce beau monde pataugeait avec vigueur, moi, j’attendais au bord de la piscine, j’étais la préposée au vestiaire…

piscineari3Aaah, les vestiaires de piscine! Me trouverez-vous dédaigneuse si je vous confie qu ils m’ont toujours un peu rebutée? Tout cet univers moite et mouillé ne me donnait souvent qu’une envie, celle de déguerpir au plus vite, quitte à partir en gougounes avec le bébé entortillé dans sa serviette sous le bras!! Je ne l’ai jamais fait, rassurez-vous, je surmontais mon malaise du mieux que je pouvais, car je ne voulais pas décourager mes apprenties-nageuses pour si peu! Je savais que le parcours serait long pour atteindre l’objectif ultime de ces cours de piscine : savoir nager! Alors je passais outre mes bibittes et j’accompagnais mes filles le sourire aux lèvres, parfois crispé je dois l’avouer!

Je me souviens qu’un des moments les plus inconfortables dans toutes ces brumes humides, c’était celui où l’on devait enlever le maillot, surtout quand il fallait le baisser en vitesse parce que l’eau glacée avait donné une envie pressante à ces demoiselles! Il leur collait au corps, se coinçait dans leur trop grosse couche-culotte sur-imbibée, glissait sur leurs mollets et atterrissait systématiquement sur le plancher détrempé des toilettes, à mon grand bonheur! Si seulement j’avais piscineari2.2eu accès à ces merveilleux concepts de couche-maillot déboutonnage et de maillot de bain qu’on peut relever plutôt que baisser pour mes petites sirènes, il me semble que ça m’aurait tellement simplifié la vie! Des vêtements de baignade intelligents, pas mal plus pratique qu’un téléphone intelligent dans un vestiaire de piscine!

Malgré ces désagréments qui me donnaient souvent plus chaud que la température tropicale ambiante, j’ai persisté dans mon rôle de préposée au vestiaire. Parce qu’il allait bien au-delà des tâches de support technique! Je n’attendais pas mes filles au bord de la piscine, je les encourageais, les applaudissais en silence, leur faisais des pouces en l’air et des sourires fendus jusqu’aux oreilles ! Et quand elles sortaient en claquant des dents, je les frictionnais, les réconfortais, les félicitais sans fin parce que j’étais si fière d’elles; ELLES APPRENAIENT À NAGER, WOW!!!

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Ariane Mimeault

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